Mon commentaire :

Après trois livres qu’elle a écrits et un film – un amour impossible - inspiré de son histoire, réalisé en 2018 par Catherine Corsini relatant l’inceste dont elle a été victime entre 13 à 16 ans, Christine Angot enfonce le clou en passant cette fois derrière la caméra. A la soixantaine passée, sa colère ne s’est toujours pas apaisée et ‘une famille’ vise à obtenir des explications sur le silence qui a été maintenu sur ces multiples actes perpétrés par ce père. On suit donc l’écrivaine cinéaste caméra à l’épaule au cours des entretiens souvent terriblement violents qu’elle a avec les différents membres de cette famille dont elle fait partie.

Mais elle n’a pas besoin de pardon, elle cherche désormais ‘réparation’, notamment auprès de cette belle-mère qui vit à Strasbourg dont elle force la porte pour échanger de visu, alors que cette dernière a toujours refusé de lui répondre ou de la revoir depuis la révélation des faits…S’en suivent aussi des échanges avec la mère de Christine, certes douloureux mais moins violents, mais on recueille aussi les confidences du père de leur fille, dont on apprend que lui aussi a été violé à 11 ans par un garçon de 14 ans, puis celles de sa fille désormais trentenaire, ou encore celles du compagnon actuel de Christine…

Difficile de rédiger la critique d’un tel documentaire quand on réalise la gravité des actes dont a été victime une jeune fille, alors que le prédateur est décédé et qu’atteint d’Alzheimer, personne n’a jamais pu le confronter à ses actes. Mais le film vise à faire éclater cette chape de plomb, ce silence assourdissant qui a écrasé la vie d’une femme, devenue certes une écrivaine de premier plan, mais ayant causé des traumas même sur la seconde génération.

Je ne suis pas personnellement adepte de l’écrivaine en tant que personnalité publique ayant participé ces dernières années à des émissions grand public dont je n’ai que rarement apprécié les points de vue, mais force est de constater que ‘une famille’ est un documentaire brut, incisif et violent, mais qui était probablement nécessaire et montre plus que jamais il est nécessaire de parler et de rompre le silence, quoi qu’il en coûte.