Pour se repérer dans la jungle de la culture ... selon mes goûts !
Résumé
« Je pense souvent à ce qu’il restera, à ce qu’Erwan gardera de moi, de son enfance, j’aimerais saisir, révéler ses sensations sur la pellicule photographique, graver nos instants, craignant que l’amour ne disparaisse avec les souvenirs, graver l’odeur du jasmin quand nous nous approchons de notre maison, odeur de la stabilité du lieu intérieur malgré les désordres de mon cœur, contre la violence extérieure, réelle ou imaginaire, de la mer, des hommes. »
À travers la voix incandescente de Madame Akli, Nina Bouraoui nous offre un roman brûlant, sensuel et poétique qui réunit toutes ses obsessions littéraires : l’enfance qui s’achève, l’amour qui s’égare, le désir qui fait perdre la raison.
Mon Commentaire
Avec ‘Satisfaction’, c’est une plongée sensuelle dans l’Algérie des années 70 que nous propose la romancière Nina Bouraoui. Son héroïne, Michèle Akli, a accepté de quitter la France qui l’a vue naître pour suivre à Alger son mari Brahim en 1962 s’y installer avec leur jeune fils Erwan. En ces temps d’indépendance toute récente de l’Algérie, il est difficile pour une Française qui se sent comme exilée de se créer des relations et de s’épanouir en tant que femme.
Son point d’intérêt essentiel sera donc ce fils qu’elle aime d’un amour exclusif et vénère. Mais alors que l’enfance d’Erwan s’achève, Michèle Akli devient de plus en plus ombrageuse voire jalouse de quiconque osera s’approcher de lui…C’est pourtant ce qui arrive bientôt alors qu’Erwan se lie d’amitié avec Bruce, un véritable garçon manqué : Michèle devient une véritable louve, dont l’idée obsessionnelle est de vouloir torpiller cette relation, jusqu’au jour où elle rencontre Catherine, la mère de Bruce…
Nina Bouraoui a sans aucun doute un talent fou pour jouer sur la forme en maniant les mots avec une belle dextérité et en instillant beaucoup de poésie. Son écriture est brillante et fluide et permet de ressentir de façon accrue les atmosphères sensorielles propres à la Méditerranée. Pourtant cette belle dextérité finit par nuire au fond de l’histoire qui somme toute passe au second plan, au point de se demander le thème que l’autrice a vraiment voulu traiter. Le ressenti à l’issue de cette belle lecture c’est surtout l’insatisfaction dans le quotidien d’une Française qui s’est contrainte à l’exil, qui a en compensation construit une relation d’amour exclusif un peu malsaine vis-à-vis d’un fils devenu presque un ado, au point de nuire à l’équilibre de sa vie de couple. L’autrice a tendance à raconter en boucle la naissance chez son héroïne de sentiments et de sensations intenses sans pour autant que l’action n’avance réellement, le seul changement tangible de décor étant la détestation croissante des Algériens vis-à-vis des anciens colons.
‘Satisfaction’ se lit certes bien, mais on ne peut que regretter l’intérêt finalement limité de cette histoire qui en traitant de l’enfance, de l’amour et du désir laisse finalement le lecteur sur sa faim.
