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Au Théâtre Marigny jusqu'au 12 novembre 2023 -
Mise en scène Jacques Weber
Acteurs
Jacques Weber
Kad Merad
Stéphane Caillard
Basile Larie
Jean-Paul Muel
Magali Rosensweig
José Antonio Pereira
Sahra Daugreilh
Synopsis
Remontez le temps jusqu'au XVIIème siècle et pénétrez dans l'intimité de la cour d'Espagne...
Après avoir été disgracié par la Reine, le marquis Don Salluste fomente une vengeance. Il sollicite le concours de son cousin, le comte Don César, qui refuse de lui venir en aide. Il ordonne alors à son laquais, Ruy Blas, un jeune rebelle issu du peuple, d'usurper l'identité de Don César et de séduire la Reine.
Mais cela est sans compter sur la sensibilité et l'intégrité de Ruy Blas, qui tombe réellement amoureux de la Reine et obtient ses faveurs jusqu'à devenir son Premier Ministre. Il n'hésite pas à s'attaquer aux membres corrompus de la cour, en demeurant fidèle à ses convictions et en faisant passer le salut du peuple avant tout, au risque de s'attirer les foudres de ses adversaires politiques.
Ruy Blas se retrouve alors au milieu d'une redoutable intrigue mêlant le pouvoir, l'amour, la machination et la perversion...
Un chef d'oeuvre intemporel de Victor Hugo servi par une distribution d'exception à la tête de laquelle nous retrouvons Kad Merad et Jacques Weber.
Mon commentaire
Hier j’ai pu assister Au Théâtre Marigny à la Première de ‘Ruy Blas’, drame romantique de Victor Hugo, qu’il a écrit en 1838…Même si l’histoire se déroule en Espagne en 1690, force est de penser que la pièce constitue par analogie une critique en bonne et due forme de la société française de 1838, et de la politique laxiste menée par Charles X.
Cette fois, la pièce est mise en scène par Jacques Weber - il en avait déjà fait l’adaptation au cinéma en 2002- qui réussit à donner un sérieux coup de jeune à cette pièce écrite en alexandrins.
Une histoire somme toute simple et horriblement humaine : la mise en place de la vengeance d’un homme blessé, le Marquis Don Salluste (Jacques Weber), qui a été disgracié par la reine d’Espagne et fomente à son tour un terrible plan. Mais à la suite du refus de son cousin Don césar (Kad Merad) de lui venir en aide, Don Salluste demande à Ruy Blas (Basile Larie) son jeune et fougueux laquais d’usurper l’identité de Don César et de séduire la Reine (Stéphane Caillard) afin qu’elle-même subisse la disgrâce du Roi.
Ruy Blas étant de plus secrètement amoureux de la jolie reine, le plan marche à merveille au point d’en obtenir les faveurs, au point de le précipiter dans le magma des enjeux politiques quitte à faire passer en haut lieu des messages visant à faire primer le salut du peuple avant toute autre chose, quitte à se heurter à de puissants adversaires politiques.
Pour faire simple, l’idée sous-jacente de Victor Hugo était de démontrer que point n’est besoin d’être bien né pour exercer le pouvoir. Comme Ruy Blas, il suffit d’être intègre et courageux pour acquérir l’étoffe d’un véritable dirigeant et mener des actions politiques constructives qui bénéficient au plus grand nombre. Cet état de fait se heurte malheureusement à la corruption et à l’incapacité des puissants qui ne sont bien sûr pas disposés à se laisser abattre.
Côté interprétation, Jacques Weber compose un Don Salluste tout à fait convaincant prêt à tous les tours possibles pour assouvir sa vengeance. Du côté de son cousin Don César (Kad Merad), on a senti un peu de flottement lors sa première apparition sur scène, flottement dû essentiellement à une voix pas assez forte donc peu audible (surtout avec des alexandrins), mais ce défaut a été parfaitement corrigé par la suite. Un grand bravo également à Basile Larie pour son interprétation de Ruy Blas.
Côté costumes, Jacques Weber a voulu innover en usant de costumes plutôt contemporains et par conséquent décalés par rapport au contexte historique. Mais compte tenu de décors efficaces, sobres mais également très sombres, l’atmosphère restituée était réussie. De même la présence de quelques ballets modernes réussis (avec notamment un jeu de balais) apporte une touche de modernité à ce drame historique qui est joué en une seule partie (sans entracte) de pratiquement deux heures.
‘Ruy Blas’ fait sans conteste partie des pièces classiques à (re)découvrir en cette rentrée !