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Casting :
Documentaire - Cycle l'Oeil Lucide
Synopsis
A travers le texte de Didier Eribon interprété par Adèle Haenel, Retour à Reims (Fragments) raconte en archives une histoire intime et politique du monde ouvrier français du début des années 50 à aujourd'hui.
Mon commentaire :
Ce ‘Retour à Reims’ revient sur un temps que certains d’entre nous ne peuvent pas connaître, celui du monde ouvrier français à la sortie de la seconde guerre mondiale et jusqu’à nos jours. Il s’agit en fait de la transposition en images du texte de Didier Eribon de son livre essai autobiographique éponyme paru en 2009, lors de son retour au ‘pays’ à la mort de son père.
C’est ici Adèle Haenel qui lit le texte, dont les phrases servent donc de fil conducteur à ce documentaire qui est composé en deux parties. La première est une plongée dans un monde illustré par des extraits des films d’archives qui sont savamment juxtaposés comme une mosaïque représentant la condition ouvrière de l’époque, mais auscultant au plus près le rôle des femmes dans la société française des années 50, sujettes à une misogynie crasse, comme celle du père de Didier Eribon. Cantonnées à l’éducation des enfants et à l’entretien des maisons, il est clair qu’il n’y a aucune place pour elles pour les études supérieures, et donc a fortiori pour le travail, dont les forces vives ne sont constituées que par les hommes qui s’éreintent lors de journées interminables. Si cette partie est particulièrement réussie et touche vraiment, la seconde en revanche consacrée au combat politique qui s’est implémenté surtout après les évènements de mai 68 parait moins percutant. Cette partie se borne surtout à rappeler la lutte des classes telle qu’évoquée par le marxisme, donc la domination de la bourgeoisie sur le prolétariat, en illustrant son propos par des extraits d’émission politiques d’époque.
Une autre orientation du documentaire consiste en la simple constatation du transfert évident du mouvement ouvrier ouvertement soutien du communisme des années 70 vers l’extrême droite, et ce depuis la fin des années Mitterrand dont le ‘règne’ ne semble leur avoir apporté que désillusions. Le racisme patent qui apparait agit comme une revanche du monde ouvrier sur un peuple plus miséreux encore.
En rabaissant plus petit et plus pauvre que soi, c’est une manière de se hisser dans l’échelle sociale et d’y trouver une position de domination qui ne leur avait jamais été reconnue jusque-là. Le livre de Didier Eribon critique ainsi le racisme primaire éprouvé par ses parents dès l’arrivée de flux migratoires venant alors du sud de l’Europe.
Le documentaire s’achève avec un regard sur les luttes contemporaines, qu’il s’agisse du combat contre le réchauffement climatique ou le mouvement des Gilets Jaunes. Il s’agit peu ou prou d’un appel à l’union de la gauche anticapitaliste, qui n’a plus guère à voir avec le livre de Didier Eribon dont le message semble se perdre, et qui n’a guère à voir avec ce ‘retour à Reims’.