Gilbert
You are the one(s) formi- formidable(s)…


Une fois n’est pas coutume, je prends ma plus belle plume pour un hommage…Ou plutôt au moins deux, car si de nombreux hommages ont été rendus à Charles Aznavour, chanteur et comédien, dont l’hommage national du 5 octobre aux Invalides, je voulais m’incliner devant le parcours ô combien magnifique d’un des interprètes rois du théâtre, disparu récemment, Jean Piat, dont la disparition à l’aube de ses 94 printemps a suscité moins d’émois dans les médias tout au moins …
Même si vous allez me dire que « Bobines et Papyrus », est pourtant un site orienté davantage vers le cinéma et la lecture, il est difficile d’évoquer le premier sans parler du second.
Jean Piat, sociétaire de la Comédie Française, conjoint de la non moins brillante Françoise Dorin, en dehors des nombreuses pièces qu’il a jouées - dont Cyrano de Bergerac, interprété plus de 400 fois !-, s’est illustré également par son interprétation dans des séries télévision cultes en leur temps : Lagardère, le rôle de « Robert d’Artois » dans la mythique série « les Rois Maudits » de Claude Barma, adaptés des romans éponymes de Maurice Druon, mais aussi par des rôles divers dans des pièces de théâtre diffusées lors d’ « Au Théâtre ce soir».
Et puis, qui ne sait pas reconnaître au cinéma son timbre singulier lorsqu’il double en français « Gandalf » dans la trilogie du « Seigneur des Anneaux » et le « Hobbit », « Scar » dans le « Roi Lion » ou « Frollo » dans « le Bossu de notre Dame », ou encore Peter O’Toole dans « Lawrence d’Arabie » ?
Au cinéma en tant qu’homme fait de chair et d’os, la chance lui a moins souri, prisonnier qu’il était de ses obligations et ses contraintes vis à vis de la Comédie Française à l’époque : ainsi, « Casque d’Or » pour lequel il était pressenti par Jacques Becker lui échappe ainsi, puis à son tour le rôle d’Arsène Lupin, proposé par Jean –Pierre Melville , suite à la disparition subite de celui-ci…Sa carrière cinématographique se limitera à une quinzaine de films…Mais il n’est que justice de lui rendre aussi un respectueux hommage dans nos colonnes, d’autant qu’il a même côtoyé le ‘Petit’ Charles !
De Charles Aznavour, on évoque forcément le talent de chanteur compositeur aux multiples succès intemporels : ce sont ses mots et ses rimes qui resteront gravés dans toutes le mémoires pendant encore longtemps, mais aussi son combat quotidien pour la vie, la sienne ayant débuté dans des conditions ô combien difficiles, lui, le petit Arménien au physique plutôt ingrat dont le talent n’arrivera à percer et finira par être reconnu que par la force de son travail et par ses sacrifices. Il aura été également le défenseur des minorités, arméniennes d’abord, mais pas seulement…
Dans la carrière d’Aznavour au cinéma, dont j’ai malheureusement manqué une grande partie tant ses interprétations sont pléthoriques, c’est bien entendu ses rôles dans Un taxi pour Tobrouk (1960), « Tirez sur le Pianiste (1960), « Paris au mois d’août » (1966) , le « Temps des loups » (1968) , « Le Tambour » (1979) ou encore le merveilleux film de Claude Chabrol « les Fantômes du Chapelier »(1982), et plus récemment « Ararat » en 2002 que je garde en mémoire. Il aura tourné avec les plus grands, dans des rôles de plus ou moins grande importance, mais sera parvenu à imprimer à ses différents personnages son profil atypique mais attachant. Je viens d’ailleurs constater en rédigeant cette chronique que Jean Piat et Charles Aznavour se sont même retrouvés à l’affiche d’un même film – certes visiblement mineur - « Ciao le Mecs » de Sergio Gobbi, en 1979, comme quoi mon double hommage n’est pas totalement fortuit, tous deux, nés en 1924, s’étant éteints à quelques jours d’écart.
Enfin, je ne peux pas non plus m’empêcher d’être plus touché que d’autres admirateurs par la disparition de Charles Aznavour, lui, qui a fait de la rue Sarasate où j’habite depuis une quinzaine d’années une rue célèbre, en référence à sa fabuleuse chanson avant-gardiste « comme ils disent ». Ne serait ce que c’est par ce qu’elle est la seule à paris à fournir la rime avec « chatte » !
Vos merveilleuses chansons sont intemporelles et resteront dans nos têtes pour toujours.
RIP Charles Aznavour et Jean Piat, deux immenses artistes qu’on n’oubliera jamais.