On se doutait bien que plus rien ne pouvait être pareil après l’édition mémorable des César, millésime 2020… Et cette 46ème édition, qui s’est tenue à l’Olympia à Paris avec 150 personnes (!) dans le public, Roschdy Zem en Président et Marina Foïs en maîtresse de cérémonie a tenu promesse, en rompant clairement avec le passé. Compte tenu des énormes difficultés ressenties par tous les membres de la profession actuellement et la fermeture de toutes les salles de spectacle, les attaques contre la Ministre de la culture Roselyne Bachelot – étonnamment absente, ou évitée par les caméras de Canal + ? - ont été légion durant cette édition qui a d’ailleurs pris un tour très politique. Et pour le moment, côté salles, aucune réouverture n’est encore envisagée, mais pour quelles raisons, surtout lorsqu’on sait que les analyses scientifiques ont prouvé que les salles de spectacle n’avaient jamais été sources de cluster ?
Marina Foïs, d’entrée de jeu, avec son discours signé de la plume très acide de Blanche Gardin, mais aussi les acteurs, réalisateurs ou producteurs se sont relayés pour lui demander des actes forts, sinon comment peuvent-ils envisager leur avenir ? Et surtout il y a eu l’intervention choc de Corinne Masiero, actrice choisie pour remettre le césar du Meilleur Costume – mais il est vrai connue pour ses engagements politiques –arrivée drapée dans une peau d’âne ensanglantée, portée sur une robe elle aussi couverte de sang, qui a finalement fait un striptease, révélant sur son corps ‘No Culture, No Future’, et sur son dos ‘Rends nous l’art, Jean’ (message adressé bien évidemment au Premier Ministre, Jean Castex). A bon entendeur, salut !
Au cours de cette bien longue soirée, il y avait beaucoup de colère, d’aigreur et une incompréhension totale vis-à-vis de la politique du Gouvernement : nul doute que les messages et allusions ont dû en agacer plus d’un… et si l’on pense qu’étaient effectivement sortis en salles en 2020 tous les films aperçus en fin d’émission, il est fort probable que le palmarès aurait été différent !
Même si la pandémie et tout ce qu’elle entraîne a pesé lourdement sur l’ambiance de la soirée, il y a eu fort heureusement aussi, quelques beaux moments d’émotion. Difficile de faire autrement compte tenu de l’hécatombe qui a eu lieu parmi les personnalités du monde du spectacle en 2020, qu’elles aient travaillé du côté technique ou davantage à la lumière. De beaux hommages ont été rendus à Michel Piccoli, Claude Brasseur, Jean Claude Carrière, Jean Loup Dabadie ou Jean Pierre Bacri, entre autres…Et quelques interruptions musicales bienvenues, grâce à Catherine Ringer, Alain Souchon ou Benjamin Biolay…
Et puis l’hommage bien sympathique à la Troupe du Splendid, à l’occasion d’un Prix Anniversaire remis par le comédien Laurent Laffitte : Gérard Jugnot, Michel Blanc, Josiane Balasko, Marie-Anne Chazel , Christian Clavier, Thierry Lhermitte et Bruno Moynot. Il est vrai que tous ont inspiré des générations d’acteurs depuis lors, passant de leurs côtés souvent à des interprétations plus dramatiques, et pour la plupart, étant passé derrière la caméra. C’était le vrai message positif et le rayon de soleil de la soirée ! Mais il est étonnant qu’aucun d’entre eux n’ait fait la moindre allusion à leur copine Anémone, disparue en 2019…
Côté Palmarès, cette 46ème cérémonie a littéralement encensé le film d’Albert Dupontel « Adieu les Cons », pourtant absent de la soirée, en lui remettant pas moins de 7 récompenses ! Le film – que j’ai vu l’été dernier en avant-première – sorti en octobre n’est resté que 9 jours à l’affiche et a attiré pas moins de 700 000 spectateurs. J’ai bien aimé cette comédie satirique et iconoclaste, remplie de sensibilité. Mais était-ce réellement normal de lui remettre autant de récompenses, alors que d’autres films au moins aussi qualitatifs sont repartis bredouilles (comme ‘Année 85’ de François Ozon, dont le film a été encore sélectionné cette année mais qui n’a encore jamais été récompensé ?).
Côté palmarès encore, même si ‘Antoinette dans les Cévennes’ s’est révélé être une comédie sympathique, remettre le César de la meilleure interprétation féminine à la certes pétillante Laure Calamy était-il vraiment justifié ?
Côté meilleurs espoirs de l’année, rien à dire pour le choix de la toute jeune Fathia Youssouf pour son rôle top dans ‘Mignonnes’, mais remettre le prix masculin à Jean-Pascal Zadi (autre acteur noir) pour son rôle dans ‘Tout simplement noir’, avait l’air un brin calculé…D’autant que d’autres prétendants m’ont paru plus crédibles pour leurs prestations ! Rien à redire cependant sur le discours que Jean Pascal Zadi a tenu réclamant davantage d’égalité.
Pour ceux qui l’ignoreraient encore, voici donc le résumé du Palmarès de cette 46ème édition (et le rappel de la note de : www.bobinesetpapyrus.com )
Meilleur Film : ‘Adieu les cons’ – Albert Dupontel. (Note B&P : 16/20)
Meilleure Réalisation : ‘Adieu les cons’ – Albert Dupontel (Note B&P : 16/20)
Meilleur scénario original : ‘Adieu les cons’ – Albert Dupontel (Note B&P : 16/20)
Meilleure actrice : Laure Calamy dans ‘Antoinette dans les Cévennes’ de Caroline Signol (note B&P : 13/20)…Pour le coup, j’aurais plutôt vu Virginie Efira pour ‘Adieu les cons’ ou Camilla Jordana pour ‘Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait’, d’Emmanuel Mouret
Meilleur acteur : Sami Bouajila dans ‘Un fils’ de Mehdi M.Barsaoui (Note B&P : 15/20)
Meilleur film étranger : ‘Drunk’ de Thomas Vinterberg (pas vu)
Meilleure actrice dans un second rôle : Emilie Dequenne dans ‘Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait’, d’Emmanuel Mouret (Note B&P : 18/20)
Meilleur acteur dans un second rôle : Nicolas Marié, dans ‘Adieu les cons’ d’Albert Dupontel. Rôle de composition salué, ou bien une récompense couronnant la complicité de toujours entre Nicolas Marié et Albert Dupontel ?
Meilleur montage : ‘Adolescentes’ de Sébastien Lifshitz (Note B&P : 17/20)
Meilleure adaptation : Stéphane Demoustier ‘la fille au bracelet’ (Note B&P : 16/20)
Meilleur film documentaire : ‘Adolescentes’ de Sébastien Lifshitz (Note B&P : 17/20)
Meilleur film d’animation : ‘Josep’ d’Aurel (Note B&P : 17/20)
Meilleur espoir masculin : Jean-Pascal Zadi dans ‘Tout simplement noir’, de Jean-Pascal Zadi et John wax (Note B&P : 15/20). Mon avis : parmi les présélectionnés, nul doute que Félix Lefebvre et Benjamin Voisin, les deux héros du magnifique « Été 85 » de François Ozon, respectivement âgés de 20 et 22 ans, auraient mérité d’être récompensés…
Meilleur espoir féminin : Fathia Youssouf dans ‘Mignonnes’, de Maïmona Doucouré (Note B&P : 16/20)
Meilleur Premier Film : ‘Deux’ de Filippo Meneghetti (pas vu)
César des Lycéens : ‘Adieu les cons’ d’Albert Dupontel
César d’honneur : Jean Pierre Bacri
C’est finalement seulement le 25 avril ( nouveau report) que sera communiquée la liste des vainqueurs pour les Oscar… Difficile de se faire une idée précise, si peu productions américaines ont pu être découvertes en 2020 ! A suivre donc…
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