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Il n'y a plus d'après...


Juliette Gréco n’est plus.


Vous me direz qu’elle n’était peut-être pas ce qu’on appelle une icône du cinéma, et vous aurez raison. Bien qu’en y regardant de plus près, on relève quand même à son actif une trentaine de films au cinéma, tournés entre 1948 et 2002, dans des rôles souvent de second plan, d’ailleurs souvent pour des rôles de chanteuse et parfois même pour de simples apparitions.

Mais pour la télévision, tout le monde se souvient qu’elle incarna les rôles de Laurence / Stéphanie dans le célèbre feuilleton « Belphégor ou le Fantôme du Louvre » réalisé par Claude Barma diffusé sur le petit écran à partir de 1965 …


Avec la disparition de Juliette Gréco, c’est tout une page d’histoire qui se tourne. Celle de l’époque du Saint Germain des Prés, dont elle était la Muse, époque où on pouvait croiser au Café de Flore d’illustres écrivains engagés tels Boris Vian, ou bien encore Jean Paul Sartre (et Simone de Beauvoir), dont elle interprétera des chansons…

Parce que Juliette Gréco représentait depuis l’après-guerre une forme de liberté féministe assumée, adoptant des attitudes ou des propos volontiers provocants, prête à faire exploser toutes les idées préconçues et à se battre pour l’égalité des hommes et des femmes, avec ferveur, avec passion mais aussi avec une certaine classe. On gardera d’elle forcément en mémoire ses grands yeux sombres soulignés d'un long trait de liner, ses cheveux de jais aussi noirs que ses tenues et sa sublime allure féline…

Côté cœur, la vie de Juliette n’a pas été particulièrement linéaire : elle s’est d’abord enflammée pour le trompettiste célébrissime Miles Davis, mais tous deux renonceront au mariage car à l’époque, la mixité était plus que compliquée aux États Unis… Par la suite, elle rencontrera dans les années 50 l’acteur Philippe Lemaire qui lui donnera une fille, Laurence-Marie, en 1954. Puis ce sera le divorce en 1956, et s’ensuivront de nombreuses aventures, de Sacha Distel au producteur américain Daryl F. Zanuck, avant de rencontrer Michel Piccoli en 1966, avec lequel elle restera mariée jusqu’en 1977, lui-même disparu au printemps dernier… Puis elle partagera pendant 48 ans la vie du pianiste Gérard Jouannest, qui l’épousa en 1988 et disparaîtra en 2018…

Mais de Juliette Gréco, on gardera bien entendu en tête la carrière de chanteuse. Elle déclarait « je suis là pour servir, je suis interprète », et disait « qu’un peu comme dans la Bible, elle était là pour servir le Seigneur…Et ses seigneurs en l’occurrence étant ses écrivains et musiciens ».

Outre les interprétations de textes signés par des mains célèbres (Raymond Queneau, Joseph Kosma, Charles Trenet, Charles Aznavour, Boris Vian, Guy Béart, Léo Ferré, Pierre Louki…) elle n’hésitera pas à donner leur chance à des compositeurs inconnus, tels Gainsbourg au tout début des années 60, en interprétant notamment sa « Javanaise » ….

Ce que l’on sait en revanche moins, c’est que durant ses soixante-dix ans de carrière, Juliette Gréco la chanteuse a été reconnue comme égérie française un partout sur la planète, depuis le Brésil dès 1950 aux Etats Unis puis au Japon, sans compter de nombreux récitals à travers l’Europe continentale (Italie, Espagne, Portugal, Belgique, Allemagne dès l’après-guerre, …) au Royaume Uni, mais aussi en Israël ou au Chili !

Il n’y aura définitivement plus d’après Juliette Gréco, dont l’enterrement aura lieu au cimetière du Montparnasse le 5 octobre prochain.


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