L’automne est là et bientôt arrivera l’hiver…
Pas le moindre petit court métrage (ni de long !) à se mettre sous la dent en cette période de reconfinement … En ces temps de disette culturelle, il alla crier famine (visuelle) chez ses amis de Hong Kong les priant de lui donner accès, si possible, au seul festival du film actuellement visible sur la planète : le Hong Kong Jewish Film Festival 2020, qui se tient du 14 au 22 novembre physiquement au cinéma et accessible jusqu’au 30 novembre en streaming.
En fait, ce n’est pas tout à fait ainsi que cela s’est passé : car je ne suis ni cigale, ni fourmi, seulement un bourdon amateur de ciné à qui des amis de longue date habitant de l’autre côté de la planète ont pensé à faire un cadeau fort sympathique ! Exit alors pour l’instant mes habitudes si chères (faute de grives, on mange des merles!), adieu donc les traditionnelles projections en salle obscure, je me contente de regarder en streaming les 6 films qui m’ont été offerts, à choisir dans la sélection officielle qui comporte
18 longs métrages et autant de courts….
C’est ainsi que vous allez voir réapparaître sur le site les critiques de six longs métrages inédits en France pour la plupart - à l’exception du film de Roman Polanski ‘J’accuse’ (‘An officer and a spy’, titre anglais) objet de nombreuses controverses lors des César 2020 et dont la critique publiée sur le site remonte à plusieurs mois désormais. Pour ceux qui ne l’auraient pas lue, il suffit de chercher le film en utilisant la loupe, moteur de recherche habituel !
Puisque j’ai repris la plume, je ne pouvais pas ne pas rendre hommage à la réalisatrice Nelly Kaplan, disparue tout récemment à 89 ans des suites du Covid-19. Pour ceux qui ne le sauraient pas, Nelly Kaplan était originaire d’une famille juive de Russie, réfugiés en Argentine. Nelly Kaplan arrive en France à l’âge de 22 ans, et débute au cinéma aux côtés du célèbre metteur en scène Abel Gance, qui lui été présenté par Henri Langlois, qui dirigeait La Cinémathèque. Leur collaboration durera pendant une dizaine d’années. Mais sa véritable carrière cinématographique explosera avec la sortie de son film ‘La fiancée du Pirate’ en 1969, œuvre sélectionnée à la Mostra de Venise et qui servira de rôle tremplin à la comédienne Bernadette Lafont. Elle y incarne une jeune femme libre qui se venge de villageois lui étant hostiles… Le film, diffusé dans le monde entier, est aujourd'hui une œuvre culte et a propulsé Nelly Kaplan comme icône de La Nouvelle Vague.
On lui doit également « Papa, les petits bateaux… » (réalisé en 1971), « Néa » (1976), « Charles et Lucie » (1979), « Pattes de velours » (1985), « Plaisir d'amour » (1990), ainsi que plusieurs documentaires consacrés à des artistes : Gustave Moreau, Abel Gance, André Masson, Victor Hugo ou encore Pablo Picasso, et elle co-écrira les scénarii de nombreux films ou téléfilms jusqu’à l’aube du XXIème siècle.
Mais Nelly Kaplan, femme engagée, souvent catégorisée comme ‘anarcho-féministe’ est également passionnée par la littérature, et plus particulièrement par la poésie ; mais ses écrits érotiques lui vaudront d’être passés par la censure ! C’est en 1974 qu’elle publiera son premier roman, mais sous pseudonyme, intitulé ‘Mémoires d’une liseuse de draps’. Elle se liera d’amitié avec des écrivains tels que Philippe Soupault ou André Breton. Son entourage se souviendra d’elle comme d’une femme exceptionnelle, caractérisée par son intelligence pétillante, son humour caustique et son impertinence.
Elle a disparu à Genève quelques mois après son compagnon de toujours, Claude Makovski, disparu quant à lui l’été dernier, producteur qu’elle a rencontré dès 1964 avec lequel elle entame dès lors une intense collaboration. C’est lui qui la poussera à tourner et à entamer sa carrière de metteur en scène…
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