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Résumé
Sarah Barry, épouse et mère en apparence comblée, a quitté les RH d’une grande entreprise pour s’accorder une année d’écriture. Mais alors qu’elle dispose enfin du temps nécessaire, le piège de la domesticité semble se refermer sur elle.
Cela commence par une fatigue inhabituelle, des chutes de cheveux, et puis il y a ces maux de tête lancinants.
Quand il n’est pas en voyage d’affaires, son mari la couve, la chahute, la questionne. Entraînant leur fils dans ce manège qui ne tourne plus très rond. À moins que ce ne soit elle qui fantasme ?
Dans une langue et un rythme envoûtants, sorte de ritournelle noire où les vampires prennent les atours de la tendresse, Émilie Guillaumin offre avec ce troisième livre un regard sans concession sur le couple et la maternité.
Mon Commentaire
‘Petites dents, grands crocs’ est le troisième roman d’Émilie Guillaumin, écrivaine suivie surtout depuis le succès de ‘l’embuscade’, son précédent roman, qui a connu un gros succès d’estime critique et public.
Cette fois, elle nous raconte l’histoire de Sarah Barry, épouse et mère apparemment comblée, qui décide de prendre une année sabbatique pour se consacrer à l’écriture d’un roman. Elle cède donc sa place au sein de la RH d’une grande entreprise pour se consacrer à son projet. Mais le quotidien de Sarah est rattrapé par la monotonie de la vie domestique, même si Pierre, son mari, semble- trop ? - prévenant et leur fils, Thomas semble se rapprocher inexorablement de Pierre, et s’éloigner de sa mère. La déprime palpable de Sarah est visible physiquement mais petit à petit semble la détruire psychologiquement, d’abord à coup de migraines, voire de pensées morbides…
Les trois quarts du roman sont consacrés à l’analyse sociologique du rôle de la mère au foyer, qui perd pied progressivement en étant uniquement confrontée aux affres de la vie domestique. Pour peu comme ici que des reproches sous-jacents soient formulés par le conjoint qui quant à lui excelle dans son métier, il n’y a rien de tel pour une mère au foyer pour se remettre en question et sombrer dans la déprime. Les différents courts chapitres qui s’enchaînent ne font qu’enfoncer le clou et témoigner d’un profond malaise psychologique : oubliés la tendresse maternelle, l’amitié, le sentiment de faire partie d’un ensemble, les relations amoureuses…Pour Sarah qui souffre de plus de pertes de sang chroniques, plus rien ne va : ni son couple, ni ses amitiés, juste un profond sentiment d’injustice couplé à un affaiblissement physique qui s’est enclenché.
La romancière nous perd un peu dans les méandres des malaises de Sarah et nous propose des réflexions sur la maternité et le couple, transmettant avec une belle efficacité le malaise éprouvé par son héroïne, dont on ne comprend plus trop le tenant et les aboutissants de son comportement,
surtout qu’à aucun moment il n’est fait appel à un médecin spécialiste.
‘Petites dents, grands crocs’, prend son titre d’une comptine chantée par Thomas et son père qui revient comme un métronome au fil des pages. Mais il faut vraiment attendre la toute fin du roman pour en comprendre l’allusion.
Un livre efficace lorgnant vers le thriller psychologique et réussit certes dans sa démonstration de la vanité de la vie d’une mère au foyer. Tout cela se lit vite mais n’apporte finalement pas grand-chose de nouveau et laisse clairement un gros goût de déception.