Mon commentaire :

Tout le monde ou presque connaît Alexeï Navalny de nom, surtout depuis que l’on sait qu’au cours de sa vie politique, il a d’abord été la victime d’un empoisonnement dans un avion dont il a réchappé de justesse. Il est vrai qu’à force de s’affirmer et de vouloir constituer une alternative possible- donc une potentielle menace - au pouvoir sans partage de Poutine, Navalny s’est de facto retrouvé dans le collimateur du Kremlin…Au point d’avoir été incarcéré injustement durant de longs mois dans une prison au fin fond du territoire russe sans soin, sans visite, pour finalement mourir le 24 février dernier au sein du pénitentiaire de Kharp, en Iamalie, une région perdue du nord de la Sibérie.

Ce documentaire récent – néanmoins déjà diffusé sur Arte – confère un éclairage très intéressant sur le ‘dissident’ Alexeï Navalny, grâce à la révélation des travaux du journaliste russe Igor Sadreev, qui l’a suivi dans ses activités pendant plus de 15 ans. Le journaliste revient sur le début sur la vie d’Alexeï Navalny, ses origines ukrainiennes, son éducation soviétique et ses parcours scolaire et estudiantin, qui l’ont conduit à devenir avocat, bien avant qu’il ne verse dans le monde de la politique. Le film est constitué de documents et archives durant lesquels interviennent collaborateurs, soutiens de la première heure, amis proches, son épouse bien sûr mais également des détracteurs, notamment des journalistes calomniés ces dernières années par Alexeï Navalny.

Outre un instructif retour politique d’un quart de siècle en arrière nécessaire pour nous rafraîchir la mémoire, le documentaire signé par le journaliste Igor Sadreev a le mérite d’évoquer l’évolution de la personnalité de Navalny. Mis ‘en selle’ par son amie Maria Gaïdar – la fille de Egor Gaïdar, l’ancien premier ministre proposé par Boris Eltsine en 1992- qui témoigne ici et lui conservera son amitié pour toujours, Alexeï Navalny affirme de plus en plus son hostilité au régime. Il perd son apparente timidité, puisqu’il ira jusqu’à briguer- en vain - le poste de Maire de Moscou, mais compte tenu d’un relatif succès, se lance ensuite dans la course à la présidence face à Poutine. Dès lors, on le voit prendre des propos de plus en plus racistes et prôner la préférence nationale, à la surprise de certains de ses amis et collaborateurs. Mais son aisance à être en contact avec toutes les strates de la société russe lui apporteront un soutien de plus en plus prégnant au point de déclencher les réactions du pouvoir en place…D’autant que bien qu’emprisonné, il est le premier opposant au pouvoir parvenu à poursuivre son combat politique via les réseaux sociaux, contournant ainsi les interdictions…

Dans le cadre du film Unipop, le documentaire était suivi d’un débat a priori passionnant compte tenu de l’actuelle situation géopolitique russe, avec la présence de Nicolas Werth, historien spécialiste reconnu de l’Histoire de l’URSS et de la Russie, auquel je n’ai pas pu participer.