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Résumé

Ce 9 juin 1936, Émile a vingt ans et il part pour son service militaire. Pourtant, rien ne vient bousculer les habitudes de ses parents à La Cordot. Peu importe qu’il les quitte pour deux ans, pas de fierté ni d’inquiétude. Il faut dire qu’il n’y a pas de héros en uniforme chez eux, la Grande Guerre a épargné les siens, même si c’est un temps dont on ne parle jamais, pas plus qu’on évoque l’ancienne magnanerie, ultime fierté familiale où, jusqu’en 1918, on a élevé les vers à soie.
Ce matin, sa mère n’a témoigné d’aucune tendresse particulière. Il y a juste ce livret, fourré au fond du sac de son fils, avant qu’il ne monte dans le bus pour Montélimar.
Ce premier roman virtuose, à l’écriture envoûtante et aux personnages âpres, nous plonge au cœur d’un monde où le silence est règle et la douceur un luxe. Il explore les tragédies intimes et la guerre, celle qui tord le cou au merveilleux, qui dessine des géographies familiales à angle droit. Il raconte la mécanique de l’oubli, mais aussi l’amour, malgré tout, et la vie qui s’accommode et s’obstine

Mon Commentaire

Ce premier roman d’Adrien Borne, qui est par ailleurs journaliste, aborde avec une certaine originalité et beaucoup de douceur le thème des secrets des familles, même si ceux-ci ont pu engendrer de la douleur…

Ainsi, Émile, en juin 1936, quitte la maison familiale et son village drômois pour se rendre à Montélimar, lieu de sa conscription. Il est toujours difficile de quitter le quotidien pour s’aventurer vers l’inconnu, même si la famille n’est pas particulièrement douée pour montrer des signes de tendresse et d’effusion à son égard. D’ailleurs, Suzanne, la mère, en profite pour glisser dans le sac d’Émile le livret de famille, où apparaissent bien sûr son nom, aux côtés d’un certain Baptistin…

Adrien Borne ramène ainsi le lecteur quelques décennies en arrière, avant le temps de la Grande Guerre, dans cette Drôme où les magnaneries font florès et la production des vers à soie en pleine activité. Époque à laquelle le destin de certains êtres en situation sociale difficile et de celui de familles complètes va être littéralement bouleversé. Avec une belle plume, il nous raconte le quotidien de ces Drômois d’origine modeste et nous livre le récit de ce drame familial dans lequel il s’est enfermé par refus d’accepter la réalité des évènements. L’histoire nous donne également l’occasion de revenir sur la condition de vie de nombreuses femmes dans cette société provinciale toujours patriarcale qui n’a pas encore fait face aux affres de la guerre. Mais c’est surtout le poids du silence qui est mis en avant dans ce roman souvent âpre par son propos et sans fioritures dans sa conception, silence qui sera rompu par la simple curiosité d’Émile – et l’acte assumé de sa mère- sur ses véritables origines.

‘La mémoire de soie’ est un roman assez court, un peu mystérieux et grave, inspiré par la véritable histoire familiale d’Adrien Borne, qui nous ramène un siècle en arrière dans cette Drôme sauvage, qui confirme sans aucun doute le talent indéniable de la plume de l’auteur.

Ma note : 15/20
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Photo LeBerry-Républicain.fr

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