Mon Commentaire

Rédigé presque 15 ans après le passionnant ‘Tokyo Vice’ qui a rencontré un beau succès public au point d’avoir été adapté en série pour la télévision, Jake Adelstein récidive avec ce nouveau livre-enquête ‘Tokyo détective’. Désormais, Jake Adelstein, qui s’est fait un nom au Japon et s’est bien accoutumé à la vie et aux principes locaux, a désormais troqué sa carte de journaliste pour endosser le costume de détective privé. Ses missions consistent en la réalisation d’enquêtes diverses qui ont toutes peu ou prou l’objectif de démasquer les derniers ‘yakuzas’, ces chefs de gangs mafieux qui continuent de gangréner l’économie et la politique de l’une des cinq plus grandes puissances mondiales. Ses clients ? Des sociétés internationales qui ont pour objectif de se lier avec ou d’investir dans des sociétés japonaises. Avec son carnet d’adresses et ses relations de longue date, nul doute qu’il est bien l’homme idoine à contacter pour développer le ‘business’ et s’assurer de la probité des sociétés locales, et faire tomber les masques lorsqu’il s’agit de sociétés écran.

Mais lorsqu’en mars 2011 survient le puissant séisme puis la catastrophe de Fukushima, il découvre à quel point l’industrie nucléaire, industrie prépondérante au Japon est elle-même gangrenée par le milieu des ‘yakuzas’, qui de façon surprenante et avec le silence complice du gouvernement gère le secteur depuis longtemps. Son enquête sur la multinationale ‘TEPCO’ (Tokyo Electric Power Company) est édifiante, montrant ainsi comment la corruption, le lobbysme, la collusion vont mener à la catastrophe nucléaire de Fukushima. Dans un autre domaine, celui des Jeux Olympiques de Tokyo de 2020, Jake Adelstein ne fait que nous conforter dans ce qui était presque de notoriété publique : l’omniprésence de l’argent sale pour le financement des infrastructures, avec un tacite accord de silence des autorités en place, dont le 1er ministre Shinzo Abe, assassiné en juillet 2022. On suit donc avec intérêt les découvertes du détective Adelstein mais celui-ci tend à s’émousser dès lors qu’il commence ses digressions plus personnelles sur le récit d’évènements liés à sa vie personnelle, qui semblent pour le lecteur d’un intérêt secondaire…Bien qu’on comprenne aussi combien ses investigations en tout genre ont pu avoir un impact direct sur sa vie privée et que les désillusions se sont enchaînées.

J’ai pour ma part apprécié le choix de partager avec le lecteur les analyses des caractères kanji et kana de certains mots, mais aussi des idées véhiculées par les grands principes bouddhistes et taoïstes, complétées par la citation de principes liés à la sagesse et à la vie.  Tout cela permet de mieux pénétrer cette culture japonaise si éloignée de la nôtre.