Pour se repérer dans la jungle de la culture ... selon mes goûts !
Résumé
Ce soir-là, quand Liam rentre des forêts montagneuses où il est parti chasser, il devine aussitôt qu’il s’est passé quelque chose. Son petit garçon de cinq ans, Aru, ne l’attend pas devant la maison. Dans la cour, il découvre les empreintes d’un ours. À côté, sous le corps inerte de sa femme, il trouve son fils. Vivant. Au milieu de son existence qui s’effondre, Liam a une certitude. Ce monde sauvage n’est pas fait pour un enfant. Décidé à confier son fils à d’autres que lui, il prépare un long voyage au rythme du pas des chevaux. Mais dans ces profondeurs, nul ne sait ce qui peut advenir. Encore moins un homme fou de rage et de douleur accompagné d’un enfant terrifié.
Mon Commentaire
Ce court roman signé par l’écrivaine Sandrine Colette est une belle réussite, qui passionne de bout en bout… A la base pourtant une histoire simple, celle d’une famille habitant dans une région montagneuse de forêts, composée de Liam, un chasseur-trappeur, de sa femme Ava et de leur fils de 5 ans Aru.
Lorsque Liam rentre de la chasse, il est surpris de ne pas voir son fils venir à sa rencontre, mais découvre bientôt le corps inerte de sa femme, mortellement blessée par un ours. Fort heureusement son fils est vivant, protégé par sa mère… Mais Liam se trouve déboussolé et incapable de prendre le relais de sa femme pour élever ce petit garçon qu’il connaît peu au fond …Et comment peut-il concilier sa vie de trappeur et cette communion qu’il a avec la nature avec l’éducation de son jeune fils? Une seule solution s’impose : confier l’éducation de ce fils embarrassant à d’autres. Commence alors un long périple où Liam chevauche aux côtés d’Aru, petit garçon mutique qui semble traumatisé…
Ce qui surprend à la base, c’est le côté fruste et taiseux du personnage de Liam, cet homme épris de liberté qui toute sa vie durant n’a eu à faire face qu’à la nature. On est même choqué au départ par l’apparente absence de sentiments paternels vis à vis de ce petit garçon innocent mais qui constitue désormais le grain de sable indésirable du quotidien de Liam…
Sandrine Collette a choisi la forme du monologue pour Liam, à la fois le narrateur et le principal acteur de ce drame. Son langage est rugueux, le style simple voire simpliste, la ponctualité quasi absente. Cela renforce une impression générale d’âpreté, et souligne le côté sombre de tout ce qu’il a intériorisé, y compris ses pire pulsions, mais aussi la manière où progressivement le sentiment de paternité prend le dessus sur son côté animal. L’autrice retranscrit avec talent cette évolution qui au fil du périple vécu fait passer Liam du stade de simple géniteur à celui de véritable père. D’autant que la chevauchée sera parsemée d’embûches et de traumatismes qui ne seront pas sans conséquence…
On ne peut que saluer le talent de Sandrine Collette qui parvient aussi bien à décrire les éléments qui constituent cette nature belle mais parfois hostile, qu’à décrypter la complexité des relations humaines.
Un roman extrêmement touchant qui prend aux tripes qui raconte l’épopée d’un père et de son fils au sein d’une nature sauvage.