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Résumé

Structurée par les 77 mouvements de la partie Fischer - Pomar, se trame au fil de cette confrontation une histoire à la forme originale offrant une réflexion quant à l’engagement personnel et, plus largement, sur la façon dont les deux joueurs ont été instrumentalisés par leurs gouvernements respectifs.
Aux portraits des deux joueurs d’échec s’ajoutent ceux de nombreux autres « pions » voués à une cause politique durant cette année de turbulence où, lors de la Crise des missiles de Cuba, la guerre nucléaire a failli éclater.
Ainsi, communistes, maquisards, ouvriers, socialistes, membres de l’ETA, chrétiens, républicains, étudiants, phalangistes, Afro-Américains, pacifistes, indigènes, militants antinucléaires, gauchistes ou militaires à l’obéissance aveugle… jalonnent ce texte comme autant de « mythes » fabriqués et utilisés à des fins politiques, des personnes sacrifiées et payant le prix fort ; celui de la mort, de la prison, de l’exil ou de la solitude.

Mon Commentaire

Que chacun soit rassuré, pas besoin d’être un joueur d’échecs chevronné pour découvrir ce formidable roman de Paco Cerdà, ‘le Pion’ ; il suffit d’avoir une idée sur les possibilités de déplacements des pièces et des pions pour suivre avec grand intérêt toutes les qualités de ce magnifique livre. Articulé autour de 77 chapitres correspondant aux 77 mouvements de la confrontation opposant en 1962 à Stockholm les deux champions d’échecs Bobby Fischer (le champion américain) à ‘Arturito’ Pomar (le jeune prodige porte drapeau de l’Espagne franquiste), c’est à un voyage historique et politique que nous convie l’auteur avec ce roman. D’abord parce qu’il nous fournit au fil de ces ‘chapitres’ un éclairage particulier sur chacun de ces joueurs, qui au fond ne sont eux-mêmes que des pions à la main de leur gouvernements respectifs. 1962 en effet, ce sont les années Kennedy outre Atlantique mais aussi l’époque intense de la Guerre Froide et des mouvements racistes ; quant à l’Europe, alors que celle-ci se remet doucement du traumatisme de la seconde guerre mondiale, c’est encore en Espagne l’apogée de la dictature franquiste et des exactions contre tous les opposants au régime…

Dans ‘le pion’, le récit des mouvements de ce tournoi d’échecs au sommet est aussi l’occasion de mettre en avant le parcours de bien d’autres pions, dont le sort comme dans le jeu est très rapidement souvent scellé dès qu’ils esquissent un mouvement vers l’avant, puisque par définition, un pion ne peut reculer. Si le pivot temporel du ‘Pion’ se situe bien en 1962, l’auteur de façon historique plus largement évoque également le destin souvent funeste de bon nombre de personnages dont l’action ou l’inaction a jalonné le cours d’une partie du XXème siècle. Et peu importe leurs idées, leur attitude, les causes défendues, on ne peut que constater combien les sanctions, quelles qu’en soient la forme ou la durée, paraissent bien inique.

Un grand premier roman pour Paco Cerdà, - journaliste déjà à l’origine d’une enquête appelée ‘les Quichottes’ consacrée à ‘l’Espagne du Vide’ (pas lue) – original car constitué d’abord de faits réels, qui explore et analyse toutes les manières d’être des ‘pions’, réduits en fait à l’état de bons petits soldats sur l’échiquier du monde.

Ma note : 17/20
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Photo El Pais
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