Pour se repérer dans la jungle de la culture ... selon mes goûts !
Résumé
Joseph a sept ans. Il est né après la Première Guerre mondiale dans les quartiers pauvres de la Bastille, à Paris. Grandir entouré de l'amour de sa mère et de sa grand-mère, apprendre et découvrir sont les moteurs de toute sa vie. Mais son monde bascule le jour où sa mère disparaît et où il devient pupille de l'État, un État qui a mis en place tout un système de « protection » des enfants pauvres, dont les bonnes intentions n'ont d'égal que la cruauté.
De la prison pour enfants à la colonie pénitentiaire, la force de Joseph, les coups de dés du hasard, et la découverte de la musique lui permettront de traverser le pire. Dans une France portée par l'espoir du Front Populaire, peut-être retrouvera-t-il sa vie et sa joie.
L'écriture intense de Véronique Olmi épouse le regard de ce gamin tendre et courageux confronté à la violence du monde adulte. Jamais, depuis Bakhita, la romancière n'avait trouvé une voix aussi puissante et juste pour raconter la renaissance d'un être à la vie. Un roman déchirant et révolté, un des plus beaux textes sur l'enfance à l'aube du siècle dernier.
Mon Commentaire
Ce ‘gosse’, c’est bien sûr Joseph Vasseur, né à Paris dans des quartiers défavorisés de la capitale après la première guerre mondiale, mais pas seulement. Ce livre est un hommage marqué et particulièrement touchant à tous ces enfants, comme Joseph, comme Aimé et bien d’autres dont la liste des prénoms s’allonge, fillettes et garçonnets qui n’ont pas eu la chance d’être élevés dans l’amour d’une famille unie….D’abord parce que certains pères ne sont pas revenus vivants de la grande guerre, ou bien par suite de la disparition pour cause de maladie ou autre de la mère, puis comme ici en bout de compte de la grand-mère devenue sénile, seul membre restant de la famille de Joseph qui n’était pas en capacité de l’élever.
Qu’à cela ne tienne, c’est donc l’État qui se substitue donc à ces parents en assurant la ‘protection’ et ‘l’éducation’ de ces enfants sans ressource, de ces pupilles de la nation à qui on inculque de gré ou de force officiellement des bases comportementales. En fait, les enfants, souvent considérés comme de ‘la mauvaise graine’ se retrouvent tout bonnement comme emprisonnés derrière des murs d’enceinte, voire condamnés à effectuer des travaux particulièrement pénibles dans des camps où ils ont été répartis à travers la France…Pour Joseph, c’est un véritable traumatisme qui nécessitera des années pour être oublié, ces expériences accélérant prématurément son vieillissement physique et lui faussant durablement sa perception des rapports de société, notamment ses rapports amoureux. Seule échappatoire, la musique, musique que Joseph va découvrir incidemment au cours de ses années de travail forcé et qui lui permettra d’échapper à son quotidien de prisonnier en attendant des jours meilleurs…D’autant qu’arrivent les années du Front Populaire qui vont littéralement bouleverser les structures établies et jusqu’alors inamovibles de la société française… En 1936, le journaliste Alexis Danan crée la Fédération nationale des comités de vigilance et d'action pour la protection de l'enfance malheureuse. Ces comités ‘Alexis Danan’ ont pour mission de dénoncer à la justice les mauvais traitements dont les enfants sont victimes…Enfin il semble que l’espoir de voir fermer ces maisons de correction apparaisse…
Véronique Olmi retrouve les accents lyriques découverts dans ‘Bakhita’ en nous racontant l’histoire à peine croyable de Joseph. C’est à travers le regard de ce petit garçon que nous découvrons la terrible cruauté des hommes, mais que l’on prend réellement conscience de la manière dont la personnalité se forme durant l’enfance. Une œuvre magnifique et bouleversante, à découvrir impérativement.