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Résumé 

En septembre 1969, Vincenzo Benedetto, un dessinateur industriel roumain, franchit le rideau de fer pour rejoindre la France, qu’il ne quittera plus. A-t-il fui la Roumanie pour retrouver sa famille installée à Villeurbanne ? Est-il un agent secret à la solde de la Securitate ?
Dans ce récit haletant, à la croisée du roman d’espionnage, du suspense politique et de la chronique familiale, Fabrice Arfi court après les fantômes d’un homme et tente de percer le secret d’une vie où tout s’invente. Même la vérité.

Mon Commentaire

Fidèle à son parcours et à ses convictions habituelles, après ‘D’argent et de sang’ sorti en 2018 (et adapté depuis à l’écran par Xavier Giannoli), le journaliste d’investigation Fabrice Arfi nous propose une nouvelle enquête, ‘La troisième vie’. A l‘origine de cet ouvrage, le hasard, puisqu’en 2008 peu de temps après avoir suivi Edwy Plenel chez Mediapart, c’est lors d’un déjeuner avec un agent retraité du contre-espionnage français au sein de la DST et vieil ami de son père, que l'auteur entend parler pour la première fois de Vincenzo Benedetto. Ce dernier, dessinateur industriel roumain a quitté définitivement en septembre 69 la Roumanie du dictateur Nicolae Ceausescu et franchi le rideau de fer pour rejoindre la France et la ville de Villeurbanne où il s’installe définitivement. La région compte de nombreux réfugiés originaires de la région de Turin depuis la première guerre mondiale, dont Jean Benedetto, qui est persuadé que son frère aîné Benedetto Benedetto a péri sur le front autrichien dans la terrible bataille d’Isonzo le 2 décembre 1915, équivalente à notre ‘Verdun’ en termes de pertes humaines. Mais son corps n’ayant jamais été retrouvé, sa disparition est tout à fait plausible.

Quelle n’est pas la surprise de Jean lorsqu’en 1968, il apprend par un courrier que ce frère aîné était parvenu à gagner la Roumanie, a fait sa vie là-bas et que Vincenzo est son fils. Jean décide bien sûr de se rendre en Roumanie, à Cluj, pour rencontrer les membres de cette famille retrouvée. Puis ce sera au tour de Vincenzo et de sa femme de venir en France, bien que les démarches soient pour le moins lourdes même si à l’origine le but était touristique.

Fabrice Arfi va enquêter pendant quinze ans pour savoir qui était réellement Vincenzo : un simple citoyen roumain fuyant la dictature ou à l’inverse un agent de la ‘Securitate’, la police politique secrète du régime communiste roumain ? Pour ce faire, Fabrice Arfi va procéder à d’intenses recherches dans les archives et procéder à de nombreux interviews en France et à l’étranger, en tentant de procéder à de recoupements d’informations officielles. Au fil de son enquête, il va finir par découvrir que l’apparemment inoffensif Vincenzo n’était pas en France que par hasard, la DST l’ayant soupçonné et la justice l’ayant identifié comme un infiltré à la solde du gouvernement roumain. En approfondissant ses recherches, Fabrice Arfi va découvrir en tirant le fil que l’environnement politique français était lui-même largement impliqué dans cette invraisemblable histoire, notamment dans l’entourage direct du Président Mitterrand…

On suit avec beaucoup d’intérêt le fil ainsi tiré par Fabrice Arfi dans le cadre de cette enquête, notamment la façon dont il est parvenu à dénicher des éléments troublants qui constituaient comme une ‘troisième vie’, vie inventée de toute pièce pour ces protagonistes tels que Vincenzo Benedetto mais surtout des hommes politiques de référence comme Charles Hernu. Même si toute cette histoire remonte aux années allant de 60 à 80 et qu’il ne reste aujourd’hui plus guère de survivants concernés, Fabrice Arfi est parvenu à pénétrer dans les arcanes peu sympathiques d’un pouvoir qu’on aurait pu croire beaucoup plus sain. On ne peut que tirer son chapeau à Fabrice Arfi pour son travail minutieux de fourmi de reconstitution historique et sa patience incroyable qui ont abouti à la divulgation de ces scandales .

Ma note : 16/20
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                     Photo AMediapart
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