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Résumé
Lui, dix-huit ans, fils de bonne famille, solitaire et rêveur. Elle, sans âge, sans domicile, abîmée par la vie et l’alcool. Tout les sépare.
Pourtant, un jour, rue du Bac, à Paris, leurs chemins se croisent. Contre toute attente, une extraordinaire amitié se noue. De celles qui changent une vie. De celles qui forgent à jamais une personnalité.
Saisir sa chance, affronter le mystère familial qui le hante, c’est ce que Célestine va transmettre à Martin. Et plus encore…
« Ce roman, je l’ai écrit en 1990. J’avais rangé le manuscrit dans un carton, puis l’avais oublié. Jusqu’au jour où, à l’occasion d’un déménagement, nous nous sommes retrouvés, lui et moi. Je l’ai relu avec émotion et il m’a semblé qu’il avait aujourd’hui une résonance particulière. Il est là, entre vos mains. » Tatiana de Rosnay
Mon Commentaire
‘Célestine du Bac’, c’est un roman qui il y a 26 ans, a failli être oublié au fond d’un tiroir par son autrice, Tatiana de Rosnay. Et cela aurait été dommage en effet, car il relate l’histoire assez peu banale d’une amitié improbable entre Martin, 18ans, fils de bonne famille qui vient de louper son bac, et de Célestine, une clocharde sans âge, rongée par l’alcool et par une vie compliquée, qui s’est installée derrière une porte cochère de la rue du Bac, près de là où habite Martin. D’autant que ce dernier n’est pas très hardi ! Complexé notamment par sa haute taille et par une malformation podale, Martin est solitaire et en cours n’a que la philosophie et Zola pour passion. Côté famille, depuis la disparition de sa mère alors qu’il était petit, les rapports que Martin entretient avec son père sont assez distendus. Il faut dire que ce dernier, avocat quinquagénaire, séducteur en quête d’aventures ne parvient pas non plus à tisser des liens étroits avec son fils. Martin néanmoins va découvrir la triste existence de Célestine et s’intéresser à cette femme à l’abord et aux paroles peu amènes. Puis au fil des semaines, un intérêt réciproque va se créer, qui évolue bientôt en une amitié véritable au point de marquer leurs existences respectives.
Ce que l’autrice parvient à nous transmettre dans ce roman, c’est qu’à l’heure où tout le monde a tendance à courir en permanence et à s’isoler dans sa tour d’ivoire, la politesse, la courtoisie et le respect des uns envers les autres sont les clés de bien des découvertes. Tatiana de Rosnay prouve ici qu’il ne suffit pas de vivre dans l’opulence pour être heureux, que la solitude peut être pesante pour s’épanouir…Elle rappelle que le besoin de communiquer est vital, pour partager des sentiments, des émotions ou des passions, peu importe avec qui, dès lors que le respect de l’autre est avéré et qu’à cela s’ajoute un intérêt psychologique et une envie d’écouter et de comprendre. Les chapitres durant lesquels Martin et Célestine commencent à voir leurs carapaces respectives se fendre sont particulièrement touchantes, et on suit avec plaisir la tendresse qui en émane, d’autant qu’ils partagent des talents communs qui vont les rapprocher… C’est surtout cette partie du livre qui en fait le charme, j’ai été moins séduit par la succession de coïncidences qui suit et par la partie qui se déroule au Maroc, tant l’histoire semble s’apparenter à un vrai conte de fées et perd en crédibilité. Mais il est certain que la personnalité de Martin est attachante, à mesure que notre ‘héros’ s’épanouit et que sa personnalité devient plus sereine…
Difficile d’en dire plus sans dévoiler davantage de l’histoire de ‘Célestine du Bac’, mais ce roman intimiste séduit par son originalité dans une première partie avant de perdre de son intensité dans une suite malheureusement un peu trop mièvre à mon goût.