Pour se repérer dans la jungle de la culture ... selon mes goûts !
Résumé
Après l'immense succès du 'Grand Monde'.
Un ogre de béton, une vilaine chute dans l’escalier, le Salon des arts ménagers, une grossesse problématique, la miraculée du Charleville-Paris, la propreté des Françaises, « Savons du Levant, Savons des Gagnants », les lapins du laboratoire Delaveau, vingt mille francs de la main à la main, une affaire judiciaire relancée, la mort d’un village, le mystérieux professeur Keller, un boxeur amoureux, les nécessités du progrès, le chat Joseph, l’inexorable montée des eaux, une vendeuse aux yeux gris, la confession de l’ingénieur Destouches, un accident de voiture. Et trois histoires d’amour.
Un roman virtuose de Pierre Lemaitre
Les romans de Pierre Lemaitre ont été récompensés par de nombreux prix littéraires nationaux et internationaux. Après une remarquable fresque de l’entre-deux-guerres, il nous propose aujourd’hui une plongée mouvementée et jubilatoire dans les Trente Glorieuses.
Mon Commentaire
Voici donc ‘le Silence et la Colère’, le quatrième opus de la série inaugurée par Pierre Lemaître il y a tout juste 10 ans avec ‘Au revoir là-haut’, pour lequel l’écrivain avait reçu le Prix Goncourt. ‘Le Silence et la Colère’ pour info s’inscrivant dans la continuité immédiate du ‘Grand Monde’, il est préférable d’avoir lu ce dernier avant d’attaquer ce nouveau roman.
Cette fois, l’action se situe en 1952 essentiellement en France, où l’on retrouve la fratrie désormais installée - ou presque - dans des vies bien différentes. Pas étonnant d’ailleurs, quand on voit combien François, Jean et Hélène sont dotés de caractères bien différents et ont désormais des préoccupations radicalement opposées…Pourtant, une fois de plus, leurs destins vont être étroitement liés, dans cette France en pleine mutation, qui hésite pourtant entre le ‘progrès’ malgré la subsistance de vieilles réminiscences patriarcales et la subsistance des actes de dénonciation.
C’est pour Pierre Lemaître l’occasion de parler de journalisme et de la presse, d’évoquer l’interdiction formelle et légale d’avorter, mais aussi de parler de l’apanage de barrages hydroélectriques, suite à l’explosion de la société de consommation, ainsi que le début des ‘grandes surfaces’ de type grand magasin proposant des articles à bas prix où le chaland se sert directement…A noter le clin d’œil très intéressant fait en direction de Françoise Giroud qui avait rédigé un article - retranscrit en fin de livre - qui avait fait scandale à l’époque sur la propreté et l’hygiène des Françaises, assez croustillant !
Il est vrai que nous sommes au début des ‘Trente Glorieuses’, années à l’atmosphère bien plus légère qui ont suivi celles difficiles de l’après-guerre.
‘Le Silence et la Colère’, c’est avant tout une sympathique fresque familiale, dans laquelle la vie de chaque membre de la famille Pelletier occupe le premier plan avec en toile de fond les sujets évoqués ci-dessus. Malgré un style toujours aussi enlevé et agréable à lire, le manque de consistance des événements historiques de l’époque affadit singulièrement la lecture de ce quatrième roman…Par ailleurs, on a un peu de mal à comprendre l’intérêt qu’éprouve à Beyrouth Louis, le patriarche toujours en charge de la savonnerie familiale, pour Lucien, un de ses employés aux origines simples devenu boxeur de troisième catégorie qui ne rêve que de déclarer sa flemme à une jeune femme de la ‘haute société’ libanaise.
Même si tout le roman se lit toujours avec un certain plaisir, on n’est cependant loin de l’intérêt suscité par les précédents ouvrages de la saga, d’où une petite déception pour ma part.