Mon commentaire :

Il est difficile de classifier le nouveau film de Thomas Cailley – son second long métrage, après ‘les combattants’ (2014) – ‘le règne animal’ : thriller, film d’anticipation, simple analyse des rapports père-fils ou chronique sur la place de l’homme dans la nature ? Le trait de génie de Thomas Cailley est que son film, c’est un peu tout ça à la fois, et pour une réalisation française, il est clair qu’on sort vraiment des sentiers battus…Le résultat est bluffant, car on suit bien entendu la vie de François (toujours génial Romain Duris) et d’Émile (Paul Kircher, véritable pilier du film tant il éclate de vérité à l’écran), son fils de 16 ans, qui se sont installés en Gascogne pour être près de Léna, la femme de François et mère d’Émile, envoyée dans un centre de traitement d’un genre particulier. On comprend vite que cette dernière a été une des nombreuses victimes d’un phénomène mystérieux, déclenchant une mutation dont l’avancée parait difficilement réversible, qui commence à sérieusement inquiéter le monde…

Thomas Cailley nous livre ici un film coup de point d’une très grande originalité, une véritable fable qui penche à la fois du côté fantastique et du côté dramatique, avec de plus en arrière-plan une vision poétique plutôt idéaliste. Les frissons, comme les émotions fortes ou non sont nombreux, mais au-delà de la réussite des effets spéciaux (les lourds maquillages combinés à des effets spéciaux en 3D qui font parfois penser à un ‘Avatar’ à la française), le réalisateur s’interroge sur l’évolution de l’humanité et la possibilité d’envisager une cohabitation harmonieuse avec ces nouvelles créatures. De fait, on pense indirectement au grand sujet actuel du traitement des flux de migrants qui déferlent en Europe, et de la place à leur consacrer.

Casting parfait (outre Romain Duris et Paul Kircher, on retrouve Adèle Exarchopoulos décidément excellente dans un rôle aux antipodes de ses habitudes), bande originale très sympa, décors magnifiques…Que demander de plus ? Juste souhaiter que Thomas Cailley- qui signe aussi le scénario du film - réussisse à nous surprendre aussi positivement par la suite !