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Résumé

Ce qui fait de ce livre grave et pudique un roman solaire, c’est d’abord le lieu : l’île aux citrons dans la mer intérieure du Japon, qu’il faut gagner en bateau ; et encore, l’image magnifique de l’union de la mer, du ciel et de la lumière : la mer scintillante, illuminée par un incroyable sourire, surplombée par la Maison du Lion, ce lieu de paix où Shizuku a choisi de venir pour vivre pleinement ses derniers jours en attendant la mort.
Avec elle, nous ferons la connaissance des pensionnaires – ses camarades, ses alliés et pour tout dire, sa nouvelle famille – ainsi que de la chienne Rokka qui s’attache à elle pour son plus grand bonheur. En leur compagnie, il y aura aussi les goûters du dimanche où grandit peu à peu son amour de la vie quand on la savoure en même temps qu’un dessert d’enfance, une vie qui aurait le goût de la fleur de tofu, d’une tarte aux pommes ou des mochis-pivoines.
Avec la délicatesse d’écriture que nous lui connaissons dans ses précédents romans, Ogawa Ito entraîne peu à peu Shizuku sur un chemin de poésie dont la mélodie possède la voix grave et conciliante d’un violoncelle ; un chemin apaisé comme pour dire la gratitude d’exister

Mon Commentaire

Après la merveilleuse ‘papeterie Tsubaki’ (roman paru en 2016) quel plaisir de retrouver l’écriture d’Ogawa Ito et son talent pour retranscrire la douceur de vivre, son émerveillement devant les choses simples aux moments les plus inattendus de la vie…ou, plutôt ici, de ce qu’il reste à vivre.

Car ‘le goûter du lion’, c’est l’histoire de Shizuku, une jeune femme seule, rattrapée par une maladie incurable, qui décide alors que son sort en est jeté de ‘finir’ sa vie sur l’île aux citrons, située dans la mer intérieure du Japon, dans ‘la Maison du Lion’. Il s’agit d’un établissement spécialisé dirigé avec doigté par Madonna, une femme dotée de beaucoup de bienveillance et de tendresse à l’égard de ses patients…

En compagnie de Shizuku qui s’installe à l’issue d’un beau voyage, on fait la découverte d’un univers improbable et bigarré : bien sûr, ses voisins de chambre avec lesquels le courant passe plus ou moins, l’intendance de la maison, mais aussi la petite chienne Rokka qui s’attache à elle pour son plus grand bonheur. La vie comme en apesanteur de cette étrange pension, qui n’a rien d’une prison ni d’un mouroir, est simplement rythmée par un goûter dominical, au cours duquel sont servis un dessert ou une douceur émanant des souvenirs d’enfance des patients, tirés au sort chaque semaine…Outre l’impatience de la découverte du dessert qui sera servi, c’est aussi le moment où ressuscitent de nombreux souvenirs.

‘Le goûter du Lion’ est un roman plein de douceur et rempli d’une belle nostalgie ressentie par Shizuku, cette fameuse jeune cliente qui conserve malgré sa maladie le don de l’observation, ainsi que celui de la critique, tout en devenant chaque jour de plus en plus humble vis-à-vis d’un destin qu’elle sait inéluctable. Au fil de son séjour à la Maison des Lions, Shizuku parvient à transformer sa colère vis-à-vis de la maladie en une sorte d’apaisement bienfaiteur simplement en regardant la beauté des paysages et de la mer, en dégustant de petits plats mitonnés ou en étant prise sous l’aile protectrice de Madonna…

Malgré une mélancolie présente de fait, l’heure pour Ogawa Ito avec ce roman plein de poésie n’est pas à l’apitoiement ni aux regrets. Au contraire, elle éclaire avec talent son roman d’une belle lumière qui nimbe son héroïne et qui mérite à elle seule le détour.

Ma note : 16/20
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Photo Leonardo Cendamo

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