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Résumé

Dans une grande ville d'un pays en guerre, un spécialiste de l'interrogatoire accomplit chaque jour son implacable office. La nuit, le colonel ne dort pas. Une armée de fantômes, ses victimes, a pris possession de ses songes. Dehors, il pleut sans cesse. La Ville et les hommes se confondent dans un paysage brouillé, un peu comme un rêve - ou un cauchemar. Des ombres se tutoient, trois hommes en perdition se répondent. Le colonel, tortionnaire torturé. L'ordonnance, en silence et en retrait. Et, dans un grand palais vide, un général qui devient fou. Le colonel ne dort pas est un livre d'une grande force. Un roman étrange et beau sur la guerre et ce qu'elle fait aux hommes. On pense au Désert des Tartares de Dino Buzzati dans cette guerre qui est là mais ne vient pas, ou ne vient plus - à l'ennemi invisible et la vacuité des ordres. Mais aussi aux Quatre soldats de Hubert Mingarelli.

Mon Commentaire

Emilienne Malfatto est une jeune écrivaine (mais aussi photographe et journaliste) dont le talent a déjà été remarqué et récompensé, notamment en 2021 par le Goncourt du premier roman (Que sur toi se lamente le Tigre) ainsi que le prix Albert Londres pour ‘les serpents viendront pour toi : une histoire colombienne’.

Cette année, elle nous propose ‘Le colonel ne dort pas’, une dystopie originale qui a pour toile de fond une Ville dans un pays en guerre. Nous sommes dans un pays où règne une dictature qui en a remplacé une autre. Officiant en tant que bourreau, nous faisons la rencontre d’un Colonel, spécialiste de l’interrogatoire et de la torture- néanmoins désincarnée fort heureusement -, qui chaque nuit inexorablement remplit sa mission sans coup férir. Dans la grisaille de la Ville, les jours et les nuits s’enchainent mais les innombrables victimes commencent à venir hanter le tortionnaire qui en perd le sommeil…Il faut dire que le Colonel dont la besogne de boucher pour extirper des aveux à ses victimes doit rendre compte chaque jour de son travail au nouveau Général en charge de la gestion du pays, Général qui lui-même perd pied …

Emilienne Malfatto dans ce très court roman intemporel de 110 pages frappe fort néanmoins en nous livrant un livre très sombre, tant par la description du décor de ce sous-sol où la torture règne en maîtresse, que par l’horreur du fonctionnement du système politique qui fait bien entendu penser à ce qui peut – ou a pu - exister dans de nombreux pays subissant un régime totalitaire. De fait, la puissance du propos est indéniable et fait mouche… A noter que le douloureux récit du quotidien du Colonel est entrecoupé de très beaux vers libres qui reflètent ses états d’âme, dans lesquels se révèle le peu d’humanité qu’il lui reste, ce qui rend le personnage parfois étonnamment touchant.

Pourtant, il est difficile de dire si on a bien aimé ce livre, ou pas probablement en raison de son côté trop désincarné et donc trop abstrait pour se laisser emporter.

Ma note : 14/20
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Photo ParisMatch.fr

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