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Résumé

Ahmet Altan est romancier, essayiste et journaliste, il était aussi rédacteur en chef du quotidien «Taraf» jusqu’au 15 juillet 2016. À cette date, la Turquie s’enflamme, des milliers de personnes descendent dans la rue à Istanbul et à Ankara suite à une tentative de putsch. Le lendemain commence une vague d’arrestations parmi les fonctionnaires, les enseignants, l’armée et les journalistes. Ahmet Altan fait partie de ceux-là, il sera condamné à perpétuité, accusé d’avoir appelé au renversement du gouvernement de l’AKP. Ahmet Altan a 69 ans.
Ces textes sont écrits du fond de sa geôle. Poignants, remarquablement maîtrisés, ces allers-retours entre réflexions, méditations et sensations expriment le quotidien du prisonnier mais ils disent aussi combien l’écriture est pour lui salvatrice. Tel un credo il s’en remet à son imagination, à la force des mots qui seule lui permet de survivre et de franchir les murs.
Un livre de résilience exemplaire.
[12 novembre 2019] Une semaine après sa libération de prison, l’écrivain et romancier turc Ahmet Altan a été de nouveau arrêté, mardi 12 novembre, sur une décision de justice.
Il a à nouveau été libéré le 14 avril 2021.

Mon Commentaire

Avec son roman ‘Madame Hayat’, dont j’ai fait la critique il y a quelques mois déjà, vous avez pu découvrir le talent immense de l’écrivain turc d’Ahmet Altan. Auteur brillant au tempérament indépendant et jusqu’en juillet 2016 rédacteur d’un quotidien, Ahmet Altan est une personnalité dont le ton de parole et les pensées laïques ont pu inquiéter le pouvoir du Président Erdogan, au point de devenir un ennemi potentiel à museler d’urgence. Quoi de mieux dans ce cas que l’expédier en prison pour de longues périodes en invoquant des raisons fallacieuses et en l’accusant d’avoir fomenté avec d’autres personnalités la tentative de putsch ?

‘Je ne verrai plus le monde’ est un recueil de textes, rédigés durant les longs mois de séjour en prison d’Ahmet Altan. Souvent le reflet des pensées positives qu’il continue d’avoir malgré ses conditions de détention extrêmes…Mais puisqu’il est privé de liberté, son espace vital étant limité à une cellule qu’il partage avec deux autres détenus et à un carré de ciel qu’il peut voir durant ses quelques minutes de sortie quotidienne, ces pensées lui donnent le sentiment de rester vivant.

Il s’agit de récits salvateurs de taille plus ou moins longue qui sont rédigés au fil des jours, des semaines, des mois…Ils peuvent avoir trait à des souvenirs personnels, familiaux ou amicaux, à des personnes rencontrées au gré de ses activités passées, aux échanges verbaux qu’Ahmet Altan a pu avoir avec d’autres détenus… Mais aussi à de simples réflexions sur des sujets aussi variés que la vie, la mort, la culture, la religion, ou encore le récit d’anecdotes plus ou moins curieuses, y compris parfois douloureuses, concernant les expériences vécues lors de son emprisonnement. Pas de complaisance, mais pas de ton larmoyant non plus : l’écriture est salvatrice, et durant ces jours obscurs, c’est la seule fenêtre qui demeure ouverte sur le positif. Les barreaux d’une cellule de prison n’ont jamais été suffisants pour anéantir quiconque ayant une belle force de caractère de la liberté.

Au total, ‘Je ne reverrai plus le monde‘ est un recueil superbement écrit et particulièrement touchant.

Ma note : 17/20
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Photo LeMonde.fr

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