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Résumé

'Il est des hommes...' est un roman noir, au sens où il ambitionne de dire quelque chose du monde social, de sa dureté, de sa folie, de sa barbarie. Un roman qui se confronte aux forces du mal, qui raconte l’enfance dévastée, l’injustice, le sida, la drogue, la violence dans une cité de Marseille entre les années 80 et 2000.
Le narrateur, Karel, est un garçon des quartiers Nord. Il grandit dans la cité Antonin Artaud, cité fictive adossée au massif de l’Etoile et flanquée d’un bidonville, « le passage 50 », habité par des gitans sédentarisés. Karel vit avec sa sœur Hendricka et son petit frère Mohand, infirme. Ils essaient de survivre à leur enfance, entre maltraitance, toxicomanie, pauvreté des parents, et indifférence des institutions.

Mon Commentaire

Avant de découvrir son nouveau roman, je ne connaissais pas encore le talent de l’écrivaine Rebecca Lighieri (alias Emmanuelle Bayamack-tam) qui a d’ores et déjà été récompensée en 2017/2018 pour son précédent roman ‘Les garçon de l’été’ (lauréat du Prix littéraire de la ville d’Arcachon 2017 et du Prix des libraires Folio en partenariat avec Télérama en 2018).

Avec ‘Il est des hommes qui se perdront toujours’, l’autrice nous emmène cette fois dans la cité de Marseille, en plein cœur des quartiers défavorisés, où elle nous fait découvrir la noirceur du quotidien de certaines familles. Son analyse s’exprime à travers la voix de Karel, un jeune garçon des quartiers nord de la ville, qui (sur)vit avec sa sœur Hendricka et son petit frère Mohand, atteint d’infirmité. Rien de bien gai me direz-vous, surtout lorsqu’on apprend qu’ils vivent sous le diktat de Karl, leur père d’origine belge passablement alcoolique ou toxicomane, qui use en permanence de violence sur eux, et d’une violence pas uniquement verbale, alors que Loubna, la mère d’origine maghrébine vendeuse à la boulangerie du coin restant toujours à l’écart des conflits, sauf dans le cas où il s’agit de Mohand, le petit dernier…

Pour les enfants dont on fait la rencontre dans les années 80 et qu’on suit lors deux décennies suivantes, c’est l’heure de la débrouille dans la cité Antonin Artaud (cité fictive) qu’ils habitent, mais aussi celle de la découverte des bidonvilles baptisés ‘le passage 50’, habités par des familles de gitans sédentarisés. Dans cet univers improbable, le lecteur va être témoin de leur tentative de survie et d’épanouissement personnel en dehors de l’éducation parentale et de l’école…

Ce roman est sans contestation possible une œuvre noire, qui décrit avec beaucoup d’efficacité un monde gangréné par la drogue, le sexe, la maltraitance et la pauvreté…Cependant, dans cet océan de noirceur et de violence apparaissent heureusement parfois çà et là les signaux de quelques lumières d’espoir notamment au contact des croyances et traditions gitanes…

Mais l’essentiel de l’intérêt de ce roman ne se limite pas pour autant uniquement à cela. Usant d’un style bien particulier mêlant langage fleuri de banlieue et vocabulaire marseillais, l’autrice nous fait plonger littéralement dans l’univers de ces enfants devenant adolescents puis adultes. Elle pose avec beaucoup de lucidité et d’acuité la question de l’égalité des chances dans la vie professionnelle et affective en fonction de ses origines sociales et familiales, mais aussi des conditions d’éducation. Elle met de plus en lumière la thématique de l’hérédité sous toutes ses formes, notamment pour ces enfants leur questionnement à propos des points les plus sombres dont ils craignent avoir hérité.

En découvrant ‘Il est des hommes qui se perdront toujours’ au fil des chapitres déroulés dans un ordre pas strictement chronologique, on plonge dans comme en apnée, avec en sortie d’immersion une impression étrange de malaise intense mêlée à une espèce de griserie surprenante. La preuve sans doute que les personnages principaux qui animent ce roman ne seront pas du genre à être oubliés facilement.

Ma note : 16/20
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Photo Babelio.fr

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