Pour se repérer dans la jungle de la culture ... selon mes goûts !
Résumé
Nous sommes en France, à la fin des années 1990. Dans une ville de banlieue pavillonnaire, une adolescente regarde passer les trains qui filent vers la capitale. Elle a des projets plein la tête : partir, devenir hôtesse de l'air ou avocate et surtout, plus urgent, s'acheter des vêtements de marque. Mais comment faire quand on n'a pas assez d'argent de poche et que la vie dont on rêvait se révèle être un champ de cactus ? Pour le moment, sa famille vacille et ses repères sont chamboulés. En très peu de temps, sans renoncer à ses désirs, elle devra tout apprendre : comment classer ses pensées, tenir tête à ses copines, assumer des responsabilités trop grandes pour elle et vivre ses premières expériences sexuelles. Si l'adolescence est une ligne de crête menant à l'âge adulte, l'attachante héroïne de Grande Couronne s'y tient en équilibriste, oscillant entre le trivial et le terrible. Mais elle a une arme : une vision au laser grâce à laquelle elle dresse un tableau de son époque et de ses émotions aussi drolatique qu'impitoyable.
Mon Commentaire
Fin des années 90, quelque part dans une banlieue pavillonnaire parisienne… C’est l’histoire d’une ado de 14 ans qui n’a pas assez d’argent de poche et se désespère de ne pouvoir acheter des fringues de marque, sa mère se refusant par ailleurs à acheter autre chose que des marques propres y compris pour la nourriture. Bien sûr, quand on est ado, on a des projets plein la tête…mais pour l’heure, son univers est bouleversé par la crise de couple que traverse ses parents. Du coup, on envie de s’esquiver, pour échapper à la déprime de cette mère désabusée après le départ de son mari, d’autant que par ailleurs, Rachel, la sœur ainée est invivable, Ludwig, le petit frère commence à affirmer sa personnalité et Simon, le petit dernier, parvient difficilement à surmonter un handicap lourd. Comment concilier des responsabilités trop lourdes pour cette ado avec une envie irrépressible de liberté, alors que des désirs sexuels commencent aussi à se manifester ? C’est tout le sujet de ce premier roman, qui décrit avec clairvoyance et un certain humour la psychologie d’une héroïne de banlieue, dans un cadre familial, social mais aussi scolaire assez compliqué.
‘Grande Couronne’ est un ouvrage dans le vent qui se lit vite, dans lequel tous les états d’âme se mélangent comme ils se mélangent dans la tête d’une adolescente qui se cherche, en manque de nouveaux repères, à mesure que les liens avec les parents se délitent. On peut néanmoins reprocher à l’autrice la multiplication de scènes descriptives de ce que notre héroïne vit au quotidien auprès des « zguègues » qui la reçoivent dans leur voiture le temps d'une gâterie ! Sous des auspices humoristiques, c’est pourtant bien le côté glauque de ces relations répétées dues à son adhésion au ‘réseau Magritte’ qui choque, d’autant que même si cela donne un sens à l’histoire, les scènes de sexe sont un peu trop insistantes, puisqu’elles révèlent la prostitution pure et simple d’une adolescente.
Salomé Kiner avec ce premier roman signe avec un côté brouillon, sous couvert d’humour, une œuvre grave et pas très réjouissante d’un point de vue sociétal, reflet probablement assez réaliste d’une certaine partie de la population habitant cette ‘Grande Couronne’.
