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Résumé

Belfast, début des années 1990. La ville vit au rythme des slogans de haine tracés sur les murs de briques, des bombes, des assassinats. Pourtant, au cœur de l’incendie, le quotidien s’obstine. Ici, on a appris à faire abstraction. Alors comme partout quand on a vingt, trente ans, on trafique la misère, on tombe amoureux, on s’oublie, on boit beaucoup, on se charrie, on retombe amoureux et on s’invente d’autres vies.
Jake Jackson, le catholique, son ami Chuckie Lurgan, le protestant, et tout ce que la ville compte de brinquebalants, activistes véritables ou amuseurs de galerie, narguent l’intensité dramatique de cette existence avec une légèreté salvatrice.
Peut-on se jouer de la guerre ? Avec cette petite bande, tout est possible. Au fond des pintes de bière, dans l’urgence d’un rire ou d’un mot d’amour, il y a, dans ce roman devenu culte d’un écrivain beaucoup trop rare, ce qui sauve lorsque tout s’effondre : la fougue, l’espièglerie et l’amitié. L’humanité.

"Eureka Street est un grand livre et son auteur un formidable écrivain. Belfast peut lui dresser une statue."
Gilles Anquetil - Le Nouvel Observateur

Mon Commentaire

C’est avec ce roman ‘ Eureka street’, sorti en 1996, que le romancier irlandais du Nord Robert McLiam Wilson s’est fait connaître auprès du public. En effet, c’est à travers le récit des vies assez dissolues de deux personnages principaux, deux fabuleux glandeurs, Jake Jackson, le catholique et de son ami de toujours Chuckie Lurgan, le protestant, qu’il nous raconte en fait l’histoire d’une ville pas comme les autres, Belfast, au début des années 1990.

De cette ville, on a bien sûr en mémoire les silhouettes des maisons de briques sombres, mais on se souvient surtout avec effroi des multiples attentats à la bombe et des assassinats en tout genre qui ont décimé sa population sans faire de distinction.

Pourtant, Jake et Chuckie malgré tout doivent y vivre au quotidien : Jake habite Poetry Street, vit de petits boulots peu gratifiants et après avoir été largué par Sarah, enchaîne les liaisons sans lendemain et les soirées dans les différents pubs de la ville, où il a l’habitude de retrouver Chuckie, grand trentenaire au physique ingrat qui vit encore chez sa mère mais dont l’imagination fourmille d’idées plus ou moins douteuses (et plus ou moins payantes !). Pour eux, hormis les beuveries, leurs lendemains et leurs petites affaires, rien ne compte, comme si la misère de cette ville du Nord de l’Irlande et sa guerre larvée et destructrice glissaient invariablement sur eux, recouverts d’une espèce de carapace invisible …

Ce qui ressort de ce roman très dense, c’est que chez ces deux trentenaires célibataires pas très doués, bosseurs occasionnels et souvent bourrés – pas forcément de bonnes intentions- l’insouciance domine en permanence, insouciance égoïste exacerbée par une amitié d’une grande force. Leur univers de proximité, serveuses en tout genre, potes de bistrot et parfois de travail, leur suffit pour néanmoins s’épanouir, au point d’oublier intégralement la violence omniprésente et meurtrière dans la ville, tant que leur entourage n’est pas touché…

Les descriptions des quartiers de Belfast ne sont pas particulièrement reluisantes et feraient que n’importe qui d’autre aurait envie de fuir cet univers glauque…Cependant, à travers les dialogues, l’auteur se permet également des traits d’humour notamment envers la politique en général, les religions mais aussi la vision qu’ont les Américains de l’Europe et plus particulièrement de l’Ulster. Le romancier ne manque pas non plus de railler le monde de l’argent facile…

Lire ‘Eureka Street’ s’avère une activité de longue haleine car on a l’impression parfois de ne partager que le quotidien bien répétitif de nos deux personnages centraux - rien de bien excitant a priori – et de trouver leurs vies très vaines et vides de sens… Et c’est au moment où on s’y attend le moins qu’un évènement majeur renverse tout et donne simplement le reflet des conditions dramatiques de vie d’une population noyée dans un danger permanent.

La plume de Robert McLiam Wilson se veut tour à tour engeôleuse, incisive, humoristique ou très crue, rendant ce roman particulièrement vivant et attachant malgré un décor pas forcément très enchanteur.

Ma note : 15/20
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Photo Télé-Loisirs;fr

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