Pour se repérer dans la jungle de la culture ... selon mes goûts !
Résumé
Autrefois, Zem Sparak fut, dans sa Grèce natale, un étudiant engagé, un militant de la liberté. Mais le pays, en faillite, a fini par être vendu au plus offrant, malgré l’insurrection. Et dans le sang de la répression massive qui s’est abattue sur le peuple révolté, Zem Sparak, fidèle à la promesse de toujours faire passer la vie avant la politique, a trahi. Au prix de sa honte et d’un adieu à sa nation, il s’est engagé comme supplétif à la sécurité dans la mégalopole du futur. Désormais il y est “chien” – c’est-à- dire flic – et il opère dans la zone 3, la plus misérable, la plus polluée de cette Cité régie par GoldTex, fleuron d’un post- libéralisme hyperconnecté et coercitif. Mais au détour d’une enquête le passé va venir à sa rencontre.
Mon Commentaire
Le nouveau roman du très prolifique auteur Laurent Gaudé est assez surprenant, puisque ‘Chien 51’ est un polar du futur, une dystopie digne de George Orwell, qui tient en haleine de bout en bout…
L’action se déroule dans un futur peut être pas si lointain de notre époque, alors que la Grèce, écrasée par le poids de sa dette, a fait faillite et a été purement et simplement rachetée par une firme, GoldTex, un leader pas très ‘clean’ du néo libéralisme. Malgré une gigantesque insurrection du peuple suivie par une sanglante répression, la richissime société a fait main basse sur le pays et a procédé à sa ‘restructuration’.
On y fait la rencontre de Zem Sparak, autrefois étudiant engagé et militant pour la liberté, désormais un quadra qui aujourd’hui survit et travaille comme supplétif à la sécurité dans la mégalopole hyperconnectée du futur. Il est désormais ‘Chien’, (comprenez flic) dans la zone 3, la zone la plus misérable et la plus polluée de la Cité. En cette période de post libéralisme débridé et de surveillance permanente, Sparak n’a plus grand-chose à attendre de son quotidien, jusqu’à ce qu’une enquête sur un meurtre perpétré sur son territoire le force à affronter son passé. D’autant qu’il va devoir collaborer avec Salia Malberg, une jeune inspectrice galonnée et ambitieuse qui œuvre d’habitude en zone 2, la zone des nantis, proche donc de la zone 1 où est installé le pouvoir…
Ce qui séduit d’emblée, mais glace le lecteur et participe à la véracité de l’histoire, ce sont malheureusement certaines ressemblances du monde décrit dans le roman avec celui que nous connaissons actuellement. Ainsi Laurent Gaudé évoque pêle-mêle la toute-puissance de l’argent de la société capitaliste, le creusement des inégalités sociales et de traitement au sein d’une même population, le jeu comme échappatoire face à un quotidien consacré uniquement à l’aliénation du travail, mais aussi le dérèglement climatique et ses nombreuses victimes parmi les plus pauvres…
‘Chien 51’ c’est aussi une étude introspective très intéressante sur ce qui a conduite Sparak à devenir ce qu’il est, mais aussi une réflexion plus globale sur les arcanes de cette société du futur telle que Laurent Gaudé l’a imaginée.
Si vous ajoutez une petite dose de suspense liée à l’enquête menée qui forcément réserve son lot de surprises, vous ne pouvez que vous laisser emporter par la lecture de roman réellement passionnant même s’il s’avère plutôt très sombre, mais rappelons que c’est une …dystopie ! En tout cas, une nouvelle réussite du romancier.