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Résumé

C'est une longue et belle histoire que "Pram" racontait à ses compagnons de détention sur l'île de Buru. Une hiloire aventureuse et romanesque qui nous emmène à Surabaya, en Indonésie, au tournant du XXe siècle. Minke, jeune journaliste brillant et curieux de tout, y croise le devin d'Ontosoroh, la concubine d'un riche colon hollandais. Tous deux sont javanais et rêvent d'une liberté enfin conquise contre un régime de haine et de discrimination, celui des Indes néerlandaises. Deux personnages extraordinaires, aussi attachants que singuliers ― au regard d'un monde qui mûrit sa révolution...

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Mon Commentaire

Merci aux Éditions Zulma une nouvelle fois pour nous avoir fait découvrir - ou redécouvrir - un des maîtres de la littérature indonésienne, Pramoedya Ananta Toer, dit ‘Pram’, l’un des plus grands écrivains contemporains, que pour pour ma part j’ai découvert avec le premier tome de ce roman fleuve ‘Buru Quartet’, qui en compte…4 !

Le premier tome, intitulé ‘ le monde des hommes’ nous ramène à Surabaya, en Indonésie, à la jonction du XIXème et du XXème siècle, à l’époque de l’empire néerlandais. On y fait la connaissance de Minke, un jeune indigène curieux du monde et qui a la chance d’étudier à HBS, une école supérieure dont la qualité est unanimement reconnue mais qui est normalement réservée aux colons néerlandais… Fréquenter HBS, c’est nécessairement ouvrir son esprit à la culture européenne, à la langue néerlandaise en vue d’obtenir un statut de notable, rouage nécessaire à l’esprit colonialiste qui ne pense qu’à s’étendre dans le monde… Cependant, par le truchement d’un ami avec lequel il poursuit ses études, Minke fait également connaissance de Niay Ontosoroh, la concubine indigène d’un riche colon hollandais et de sa ravissante fille Annelies… Dès lors, Minke se rapproche de cette famille étrange vivant en décalage par rapport à l’histoire coloniale de l’île de Java, car il a avec elle en commun l’idée de se battre contre ce régime européen basé sur la haine et la discrimination, celui assumé par les dirigeants des Indes néerlandaises…

Lorsqu’on découvre ‘Buru Quartet’, pour mieux comprendre l’œuvre, il faut d’abord savoir que Pram, l’auteur, est un écrivain emprisonné depuis longtemps et jusque dans les années 1980 par les autorités indonésiennes, compte tenu de son statut d’esprit rebelle et indépendant, qui aspire à une ère nouvelle à l’époque du Président Suharto. Mais son écriture est empreinte d’une telle authenticité qu’on se prend d’un intérêt croissant pour tous les évènements qui se sont déroulés dans cette partie du monde à cette époque, en plein cœur du colonialisme hollandais, dont l’iniquité n’a rien à envier à celle des colonialismes français, ou anglais d’ailleurs.

Ce premier tome fait avec précision le récit des différences de statuts – et de langues - existants entre les autochtones, les métis et les colons, alors qu’officiellement l’esclavage a été aboli en 1860 ! ‘Buru Quartet,’ sous couvert d’une histoire d’amour digne des romans de Tolstoï, s’avère être en fait une plaidoirie pour la justice et l’égalité de traitement, et pour le droit des peuples à exister par eux-mêmes. Le roman est magnifiquement écrit et suscite un véritable intérêt sociologique, même si certains passages qui semblent un peu longs font penser au romanesque de ‘Roméo et Juliette’. Au total, un roman moderne qui sous couvert d’histoire d’amour fou laisse filtrer de nombreux messages et questions dont on a envie de connaître la suite …

Ma note : 16/20
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Photo Babelio.comf

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