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Résumé

Voici le dernier volet du Buru Quartet, la fin prodigieuse de l’histoire que « Pram» racontait à ses compagnons de détention sur l’île de Buru.
Comme le maître des marionnettes dans un théâtre d’ombres, Pangemanann est chargé par le Gouverneur des Indes néerlandaises de surveiller et contrecarrer les activités de Minke : faire cesser ses appels au boycott, son syndicat et son journal.
D’abord tiraillé par sa conscience face à un homme qu’il admire, Pangemanann ne s’embarrasse bientôt plus de scrupules. Espionnage, intimidation, arrestations, attentats : tout est bon pour détruire Minke et son œuvre. Mais les enjeux de cette lutte pourraient bien dépasser Pangemanann, qui ressemble de plus en plus au double obscur de Minke…

Longtemps emprisonné et censuré, Pramoedya Ananta Toer (1925-2006) est aujourd’hui le romancier indonésien le plus traduit dans le monde.

« Le dernier volet du Buru Quartet est – du début à la fin – l’un des projets les plus ambitieux de la littérature mondiale d’après-guerre. » The New Yorker

Mon Commentaire

Pour ce quatrième et dernier tome de Buru Quartet, intitulé ‘la maison de verre’, Pramoedya Ananta Toer a choisi une rupture dans son approche, puisqu’il change de narrateur. Minke, le héros de la saga, tout en demeurant le personnage de référence de l’histoire, est désormais exilé par les autorités coloniales néerlandaises. Le Gouverneur a choisi de missionner Jacques Pangemanann, un Indigène chrétien qui a grandi en Europe, élevé à Lyon et étudiant à Paris, occupant au préalable les fonctions de Commissaire de police pour surveiller et contrecarrer toutes les activités initiées par Minke. Le but est simple : anéantir par tous les moyens possibles et imaginables toute velléité d’autonomie chez les Indigènes, en maintenant au maximum la pression coloniale.

Pangemanann, le nouveau narrateur, est sans aucun doute un homme instruit dont la personnalité est fascinée par celle de Minke, Indigène qui malgré ses origines très modestes et de nombreux obstacles à surmonter est parvenu à créer un journal à destination des autochtones pour les sensibiliser à la mainmise coloniale hollandaise. Mais cette admiration sans borne envers Minke est confrontée à une forme de jalousie maladive qui va le mener à entreprendre les actions les plus viles pour détruire l’œuvre de son modèle, au point d’en devenir une obstination. Pangemanann va ainsi se créer sa ‘maison de verre’ en mettant sous cloche tous les personnages liés de près ou de loin à Minke ou à ses activités afin d’étudier leurs faits et gestes au jour le jour…

Ce quatrième tome couvre la période de 1911à 1918, mais dans les Indes hollandaises le peuple d’Indonésie vit sous toujours sous le joug des colons Hollandais ne subit que très peu les conséquences de la guerre qui règne en Europe… Les nouvelles du monde sont volontairement étouffées de manière à insensibiliser le peuple qui pourrait être en recherche d’indépendance alors que les grandes nations économiques s’affrontent. En Indonésie, seuls subsistent les syndicats ouvriers inspirés par Minke, sous couvert de poursuite et de développement de son œuvre. Mais les meneurs sont souvent moins charismatiques et ne poursuivent pas tous les mêmes idéaux, certains d’entre eux se développant aussi autour des concepts religieux…

Il est indéniable que ce quatrième tome montre des abords crépusculaires, notamment lorsqu’est évoqué le retour d’exil de Minke au bout de 5 ans, ruiné et affaibli, et que plus rien ne semble subsister de son œuvre…Le diabolique plan de Pangemanann semble donc avoir réussi mais néanmoins on a l’impression que la route de l’Indonésie vers l’indépendance n’est pas si lointaine malgré les premières mesures bien maigres en faveur des autochtones annoncées par les Hollandais. Mais on sait aussi que les mouvements sociaux et politiques décrits par le narrateur se multiplient.

‘La maison de verre’ est probablement le tome le plus complet d’un point de vue historique. L’aspect romancé passant réellement au second plan, sa lecture peut paraître parfois un peu plus ardue que pour les précédents opus…Mais on ne peut que souligner le talent du romancier Pramoedya Ananta Toer pour cette magnifique fresque romanesque qui marque les esprits.

Ma note : 16/20
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Photo Koran Sulindo

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